Dans l’univers de la cosmétique, les mots ont un poids réglementaire. Une simple phrase mal formulée peut transformer un produit cosmétique en produit de santé et exposer la marque à de lourdes sanctions. Voici tout ce qu’il faut savoir pour éviter les pièges et rester en conformité avec la réglementation.
Qu’est-ce qu’une allégation cosmétique ?
Une allégation désigne toute affirmation qui décrit un bénéfice ou un effet de votre produit sur la peau, les cheveux ou l’organisme. Par exemple :
- « Efface les rides »
- « Élimine l’acné »
- « Stimule la repousse des cheveux »
- « Guérit l’eczéma »
Sans preuves adaptées, ces affirmations deviennent illégales et peuvent faire basculer votre produit dans la catégorie des médicaments, soumis à des autorisations spécifiques.
Le cadre réglementaire applicable
En Europe, au Royaume-Uni et en Suisse, les allégations cosmétiques sont régies notamment par :
- Le Règlement (UE) n°655/2013 (critères communs d’allégations)
- Le Règlement CE 1223/2009 sur les cosmétiques
- L’Ordonnance suisse sur les produits cosmétiques (OPCos)
Toute allégation doit respecter 6 critères fondamentaux : véracité, preuves adéquates, honnêteté, équité, transparence et clarté pour le consommateur.
⚠ Études d’ingrédients ≠ allégations sur le produit fini
Une erreur fréquente consiste à utiliser les résultats d’études sur un ingrédient pour justifier les effets du produit fini. Exemples :
- Une étude montre que 10% de vitamine C améliore l’éclat de la peau.
- Votre sérum contient 0,5% de vitamine C.
- Vous affirmez : « Améliore l’éclat de 95% ». ➔ Non conforme.
- Même si il contient 10% de vitamine C, il faut que votre produit fini puisse démontrer cette allégation via des tests cliniques
Pourquoi c’est problématique :
- Les concentrations varient fortement.
- La formule globale peut influencer l’efficacité réelle.
- Le système galénique (pH, texture, conservation) impacte les résultats.
Formulations autorisées :
- « Contient de la vitamine C, reconnue pour ses propriétés antioxydantes »
- « Formulé avec du bakuchiol, un ingrédient étudié pour son action anti-âge »
Peut-on utiliser des chiffres de satisfaction client ?
Oui, mais sous conditions :
- Préciser le contexte : nombre de participants, durée, protocole.
- Ne pas transformer une appréciation subjective en preuve scientifique.
✅ Exemple acceptable : « Test de satisfaction réalisé sur 20 utilisatrices pendant 4 semaines : 95% ont constaté une peau plus douce. »
❌ Exemple non conforme : « 95% de nos clientes ont vu leurs rides disparaître. »
Allégation « peaux sensibles » : quelles obligations ?
Les mentions « convient aux peaux sensibles » doivent être justifiées par des tests spécifiques de tolérance cutanée :
- Patch tests réalisés sous contrôle dermatologique.
- Évaluation documentée dans le Dossier d’Information Produit (PIF).
Sans ces tests, la revendication reste risquée en cas de contrôle des autorités.
Les erreurs fréquentes à éviter
❌ À éviter | ✅ Alternative conforme |
---|---|
« Soigne l’eczéma » | « Apaise les sensations d’inconfort » |
« Anti-inflammatoire » | « Formulé avec des extraits apaisants » |
« Stoppe la chute de cheveux » | « Favorise un cuir chevelu sain » |
« Stimule la production de collagène » | « Soutient la fermeté de la peau » |
« Guérit les cicatrices » | « Améliore visiblement la texture cutanée » |
Communication digitale : vigilance absolue
Les risques s’étendent aux sites internet, réseaux sociaux et newsletters :
- Témoignages non modérés contenant des allégations médicales.
- Photos avant/après sans cadre scientifique.
- Articles de blog non nuancés scientifiquement.
Rappel : même si l’information vient d’une cliente, la marque en reste responsable.
Comment sécuriser vos allégations ?
- Constituer un dossier d’allégations : regrouper tous les éléments de preuve.
- Faire relire les contenus : par un expert réglementation ou consultant externe.
- Former toutes les équipes : marketing, réseaux sociaux, service client.
Conclusion
Un bon produit peut devenir un problème réglementaire à cause d’une simple phrase mal formulée. La prudence s’impose toujours : mieux vaut revendiquer des bénéfices réalistes, honnêtes et démontrés que risquer une sanction pour une allégation excessive.
Rappel final : vous vendez des soins, pas des médicaments.